Faïence , cosse.
Intégration du Musée Microcollection Elisa Bollazzi 2020
Marcela brisée recollée
Vendredi 15 juillet 2016, Arles …après le finissage de l’exposition « Running with wolves » …
C’est, pour moi, une période ultra fatigante dans un contexte de santé fragilisée. Je souffre d’hyperthyroïdie auto-immune, caractérisée par le fait de rendre très speed, d’avoir l’impression de courir sans cesse après son centre de gravité, d’être à cran et en manque de sommeil, le corps semblant bruler de l’intérieur .
C’est, exténuée et sans repos possible, que je remballe mes Navettes.
« Marcela Delcampo » est posée sur le bord d’une table … je la déplace un peu puis la repose sur un espace entre deux tables masqué par un tissu.
Elle tombe … Je suis brisée …
Tétanisée un moment … désolée …
« Marcela Delcampo » s’était imposée d’elle même, était venue presque toute seule dans l’atelier … un ready made évident.
J’en ramasse tous les morceaux … au bord du malaise …
De retour à l’atelier je la tiens enfermée, sans la regarder, des mois durant …
Puis un jour je décide de la recoller. je m’acharne sans y arriver …
Je retente mais sans résultat … encore
mortifiée …
Puis l’homme de ma vie, patiemment en recolle tous les morceaux, me parlant de cette technique japonaise, le kintsugi, qui répare les céramiques en dorant les lignes de rupture …
Pourquoi ne pas remplacer cette simple saucière, chinée dans une brocante, par une autre ?
Je vois dans le fracas de cette navette la métaphore d’une période de ma propre existence …
Nous portons tous les traces de nos accidents de vie … elle aussi.